TotalEnergies Côte d’Ivoire : Questions autour des fonds issus de la vente SIR

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En juillet 2024, TotalEnergies Marketing Côte d’Ivoire cédait sa participation de 20,35% dans la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) au groupe nigérian Sahara Energy pour 200 millions d’euros, soit environ 130 milliards FCFA. Près d’un an après cette transaction majeure, le mystère persiste quant à l’utilisation de ces fonds considérables.

Une transaction stratégique aux zones d’ombre

La vente avait été présentée comme un repositionnement stratégique de TotalEnergies, visant à recentrer ses activités sur la distribution et l’aval pétrolier. La SIR, pilier du raffinage ivoirien avec plus de 2 500 milliards FCFA de chiffre d’affaires en 2023, demeure un acteur essentiel du secteur énergétique régional.

Cette transaction a propulsé Sahara Energy au rang de deuxième actionnaire de la SIR, juste derrière l’État ivoirien. Cependant, TotalEnergies Côte d’Ivoire maintient un silence déconcertant sur l’affectation des fonds générés, alimentant les interrogations.

Un manque de transparence qui interroge

À ce jour, aucune communication officielle n’a été faite concernant l’utilisation des 130 milliards FCFA. Les actionnaires n’ont reçu aucune information sur la destination de ce pactole, et les comptes publics disponibles n’en font aucune mention explicite.

Cette situation est d’autant plus intrigante que 2023 s’était conclue sur une performance mitigée pour la filiale ivoirienne. Son bénéfice net avait reculé de 29%, s’établissant à 8,71 milliards FCFA. Malgré ce repli, l’entreprise avait maintenu une politique de distribution exceptionnellement généreuse : 100% du bénéfice net et 60% de ses réserves distribués aux actionnaires, portant le taux de distribution à 160%.

Dans ce contexte, de nombreux observateurs s’attendaient à ce que les fonds issus de cette cession soient, au moins partiellement, redistribués aux actionnaires ou investis dans de nouveaux projets stratégiques en Côte d’Ivoire.

Les comptes 2024, révélateurs attendus

Les résultats financiers 2024 de TotalEnergies Côte d’Ivoire, attendus prochainement, seront déterminants pour éclaircir cette situation. Une cession d’actifs d’une telle ampleur devrait logiquement apparaître de manière claire dans les états financiers annuels, que ce soit au niveau de la trésorerie ou des investissements.

Si les fonds ont été réinvestis localement, ils pourraient soutenir la croissance future de l’entreprise sur un marché ivoirien de la distribution en pleine recomposition, avec l’arrivée de concurrents comme Ola Energy, Vivo Energy ou MRS.

En l’absence d’informations, certains analystes craignent que ces ressources aient simplement été rapatriées vers la maison-mère, TotalEnergies SE, suivant une pratique de centralisation financière courante dans les multinationales.

Des enjeux de gouvernance cruciaux

Cette affaire soulève des questions fondamentales de gouvernance. Dans un contexte où les exigences de transparence financière se renforcent, notamment sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) où TotalEnergies Côte d’Ivoire est cotée, les actionnaires sont en droit d’attendre des explications détaillées.

Cette exigence de redevabilité constitue un principe fondamental de bonne gouvernance, essentiel à l’attractivité et à la crédibilité de la place financière régionale.

Une stratégie d’entreprise à clarifier

Au-delà de la question financière, cette affaire interroge la stratégie globale de TotalEnergies en Côte d’Ivoire. Le désengagement partiel de la SIR marque-t-il le début d’un retrait progressif de l’amont pétrolier, ou annonce-t-il un recentrage sur les énergies renouvelables, conformément à la stratégie du groupe dans d’autres pays africains?

Des investissements récents dans le réseau de stations-service, des partenariats dans la logistique pétrolière et des ambitions dans l’énergie solaire pourraient suggérer un redéploiement sectoriel. Mais là encore, une clarification officielle s’impose.

Un test pour la transparence financière régionale

La cession des parts de TotalEnergies dans la SIR représente l’une des transactions financières les plus significatives du secteur énergétique ivoirien ces dernières années. Les actionnaires, régulateurs et observateurs attendent la publication des comptes 2024 pour obtenir enfin une réponse à cette question devenue emblématique : où sont passés les 130 milliards FCFA issus de la vente des actions de la SIR?

Dans un marché financier régional aspirant à plus de maturité, cette affaire constitue un test significatif pour les standards de gouvernance des entreprises cotées. La balle est désormais dans le camp de TotalEnergies Côte d’Ivoire.


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