Dans une décision qui ébranle l’industrie cinématographique mondiale, le président américain Donald Trump a annoncé hier l’imposition de droits de douane de 100% sur les films produits à l’étranger. Cette mesure drastique, dévoilée via sa plateforme Truth Social, s’inscrit dans la continuité de sa politique “America First” et fait craindre une nouvelle guerre commerciale sur le front culturel.
Une politique protectionniste assumée
Le président américain justifie cette décision par sa volonté de “sauver Hollywood” qu’il considère menacé par des productions étrangères “subventionnées” et “hostiles”. Selon Trump, ces productions constitueraient une forme de “propagande culturelle” visant à affaiblir l’influence américaine à travers le cinéma, un secteur traditionnellement dominé par les États-Unis.
Cette hausse tarifaire sans précédent doit être mise en œuvre “immédiatement” par le Département du commerce et le représentant américain au Commerce, selon les instructions présidentielles. L’objectif affiché est de “rapatrier” les tournages et de stimuler la production cinématographique sur le sol américain.
Un flou juridique préoccupant
Les contours exacts de cette nouvelle taxe restent cependant mal définis. S’appliquera-t-elle uniquement aux films étrangers distribués aux États-Unis, ou concernera-t-elle également les productions hollywoodiennes tournées à l’étranger? Cette ambiguïté suscite l’inquiétude des studios, des distributeurs et des plateformes de streaming internationales qui attendent des éclaircissements.
En Australie, pays qui accueille régulièrement des tournages américains majeurs en raison de ses avantages fiscaux et de ses infrastructures, les professionnels du secteur craignent une délocalisation inverse qui mettrait en péril des milliers d’emplois. En Europe, la mesure est perçue comme potentiellement discriminatoire et contraire aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Risques de représailles internationales
L’industrie cinématographique américaine, qui a généré 22,6 milliards de dollars à l’exportation en 2023, pourrait subir de plein fouet les conséquences d’éventuelles mesures de rétorsion. Des marchés stratégiques comme la Chine ou l’Union européenne pourraient instaurer des quotas plus restrictifs pour les films américains ou imposer leurs propres barrières tarifaires.
Cette escalade potentielle intervient dans un contexte déjà tendu pour le marché du cinéma mondial, fragilisé par la concurrence des plateformes numériques et les séquelles économiques de la pandémie. Les coproductions internationales, devenues un modèle économique incontournable pour de nombreux projets d’envergure, risquent d’être compromises ou significativement compliquées par cette nouvelle donne.
Hollywood face à un dilemme existentiel
Si l’intention déclarée de l’administration Trump est de redynamiser l’économie culturelle nationale, la méthode choisie pourrait produire l’effet inverse. En pénalisant les collaborations internationales et en renchérissant l’accès aux œuvres étrangères, cette politique risque d’isoler davantage une industrie hollywoodienne déjà en pleine mutation.
Pour l’instant, aucune mesure d’accompagnement n’a été annoncée pour soutenir les professionnels américains potentiellement affectés par ces changements. Les grands studios et les syndicats représentant les acteurs, réalisateurs et techniciens réclament des clarifications urgentes sur l’application concrète de cette taxe.
Une bataille idéologique sous-jacente
Au-delà des considérations économiques, la décision de Donald Trump révèle une dimension idéologique prononcée. En opposant un “vrai cinéma américain” aux productions étrangères, le président revendique une forme de souveraineté culturelle qui fait écho à ses positions sur d’autres dossiers internationaux.
Cette vision entre pourtant en contradiction avec la réalité d’une industrie cinématographique profondément mondialisée, où la diversité des influences et des talents constitue depuis longtemps un moteur d’innovation créative – et un instrument majeur du soft power américain à l’échelle internationale.
Un avenir incertain pour le cinéma mondial
L’annonce présidentielle soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir des échanges culturels internationaux. Comment les festivals de cinéma, vitrines essentielles de la création mondiale, s’adapteront-ils à ces nouvelles barrières? Quelle sera la réaction des plateformes de streaming, dont les catalogues reposent sur une offre diversifiée?
Dans ce climat d’incertitude, une chose paraît certaine: cette décision marque une nouvelle étape dans la politique de repli économique promue par Donald Trump et pourrait transformer durablement le paysage cinématographique mondial si elle était pleinement appliquée.
Pour l’heure, l’industrie retient son souffle et attend les détails d’application d’une mesure qui, sous couvert de protection économique, pourrait redessiner les contours de la géopolitique culturelle mondiale.
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