Tournée asiatique de Xi Jinping : quelles opportunités pour l’Afrique dans un nouvel ordre économique mondial ?

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Face à l’intensification des tensions commerciales avec les États-Unis, le président chinois Xi Jinping se tourne vers l’Asie du Sud-Est pour redéfinir ses alliances économiques. Une dynamique qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour l’Afrique, partenaire stratégique de la Chine.

La récente tournée de Xi Jinping en Asie du Sud-Est marque un tournant dans la diplomatie économique chinoise. En visite au Vietnam, en Thaïlande et en Malaisie, le président chinois a réaffirmé son engagement en faveur du libre-échange et du multilatéralisme, en opposition directe à la montée du protectionnisme américain sous l’administration Trump. Au-delà des frontières asiatiques, c’est tout un rééquilibrage géo-économique mondial qui se dessine, avec des conséquences majeures pour l’Afrique.

Depuis deux décennies, la Chine s’est imposée comme le principal partenaire commercial de nombreux pays africains, à travers des projets d’infrastructure colossaux financés dans le cadre de l’initiative “Belt and Road”. Aujourd’hui, alors que Xi Jinping cherche à s’assurer de nouveaux relais de croissance en Asie, l’Afrique pourrait voir son rôle stratégique renforcé.

Des chaînes d’approvisionnement à redéfinir

En diversifiant ses partenariats en Asie du Sud-Est, la Chine entend réduire sa dépendance aux échanges avec les États-Unis. Cette diversification implique aussi de revoir les chaînes d’approvisionnement mondiales. Or, plusieurs secteurs industriels chinois, notamment dans les domaines des minerais stratégiques et de l’agroalimentaire, dépendent largement des ressources africaines.

Le repositionnement de la Chine pourrait donc renforcer ses investissements en Afrique, pour s’assurer un accès direct et sûr à ces ressources critiques. Des pays comme la République démocratique du Congo, riche en cobalt, ou l’Afrique du Sud, producteur majeur de platine, pourraient bénéficier d’une attention accrue dans cette nouvelle configuration.

De nouvelles opportunités d’investissements directs étrangers

La nécessité pour la Chine de s’assurer des partenariats stables pourrait entraîner une intensification des investissements directs étrangers (IDE) en Afrique, notamment dans les secteurs de la transformation industrielle, de l’énergie et des infrastructures logistiques. Pour des économies africaines en quête de diversification, cette manne d’investissements pourrait constituer un levier d’accélération du développement économique.

Les ports, les corridors ferroviaires et les zones économiques spéciales déjà financés par la Chine pourraient voir leur importance stratégique réévaluée à la hausse, tandis que de nouveaux projets pourraient émerger pour renforcer l’intégration du continent dans les réseaux commerciaux chinois.

Un nouvel équilibre à négocier

Toutefois, ce renforcement des liens économiques n’est pas sans risques. Les pays africains doivent éviter de tomber dans une nouvelle forme de dépendance, en négociant des partenariats plus équilibrés, axés sur le transfert de compétences, la création d’emplois locaux et l’amélioration des infrastructures locales.

L’émergence de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre à cet égard une opportunité stratégique pour négocier collectivement avec les grandes puissances, dont la Chine. En présentant un front uni, les pays africains pourraient obtenir des conditions plus favorables et s’assurer que les investissements chinois contribuent réellement au développement endogène du continent.

Vers une diplomatie économique plus affirmée

Dans ce contexte de recomposition des alliances économiques mondiales, l’Afrique a l’opportunité de faire valoir ses intérêts avec plus de force. Plusieurs pays du continent ont déjà commencé à diversifier leurs partenariats, en se tournant également vers l’Inde, la Turquie ou les pays du Golfe, créant ainsi un environnement propice à une renégociation des termes d’échange avec la Chine.

La tournée asiatique de Xi Jinping s’inscrit dans un repositionnement global de la Chine sur l’échiquier économique mondial. Pour l’Afrique, l’enjeu est double : tirer parti des nouvelles opportunités offertes par cette réorientation stratégique tout en affirmant une plus grande autonomie dans la définition de ses partenariats économiques.

Le continent africain a l’occasion de s’imposer comme un acteur incontournable de la nouvelle géographie économique mondiale, à condition de s’engager avec lucidité et stratégie dans cette phase de reconfiguration des équilibres mondiaux.


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