Côte d’Ivoire : une croissance vigoureuse entre réformes structurelles et enjeux de durabilité

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Portée par une croissance soutenue, la Côte d’Ivoire consolide sa position de puissance économique régionale. Mais derrière ces indicateurs positifs, des défis sociaux et environnementaux appellent des réponses urgentes pour rendre cette dynamique plus inclusive et durable.

Un nouveau soutien du FMI pour renforcer les réformes

Le 9 avril 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a validé un nouvel appui financier de 740 millions de dollars en faveur de la Côte d’Ivoire. Ce financement s’inscrit dans le cadre de la quatrième revue du programme de facilité élargie de crédit (FEC) et vise à accompagner les efforts du gouvernement en matière de réformes économiques et d’adaptation au changement climatique.

Cette décision reflète la confiance des partenaires techniques dans la trajectoire économique du pays. Avec une croissance attendue à 6,7 % en 2025, la Côte d’Ivoire se positionne parmi les économies les plus dynamiques du continent africain.

Des secteurs porteurs en pleine mutation

L’agriculture, pilier traditionnel de l’économie ivoirienne, bénéficie aujourd’hui d’une stratégie de transformation locale renforcée. La filière cacao, bien qu’impactée par les exigences environnementales européennes, amorce une transition vers une production plus durable. La transformation sur place de la noix de cajou et du cacao gagne en importance, avec un objectif clair : capturer davantage de valeur ajoutée localement.

Parallèlement, le secteur énergétique connaît une modernisation rapide. Le pays s’est fixé pour ambition de couvrir l’ensemble de son territoire en électricité d’ici fin 2025. À plus long terme, la Côte d’Ivoire vise un mix énergétique composé à 45 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, avec des projets structurants comme la centrale solaire de Boundiali en ligne de mire.

Le numérique, levier de croissance et d’inclusion

Avec un taux de pénétration Internet de 63 % et plus de 35 millions d’abonnements mobiles, le numérique devient un vecteur clé de développement économique. La stratégie « e-Côte d’Ivoire » entend accélérer la digitalisation de l’administration, des services publics et de l’économie. Un enjeu de taille pour améliorer la productivité, réduire les inégalités d’accès aux services et stimuler l’innovation entrepreneuriale.

Une performance macroéconomique saluée… mais inégalement partagée

Le dernier rapport de Bloomfield Intelligence attribue à la Côte d’Ivoire une solide note de 8,1 % en matière de performance macroéconomique. Stabilité monétaire, amélioration des infrastructures, hausse des investissements directs étrangers : les indicateurs sont globalement positifs.

Cependant, cette croissance reste concentrée dans certains secteurs et profite majoritairement à des multinationales. Selon le même rapport, 80 % de la richesse nationale est générée par des entreprises étrangères, limitant les retombées directes pour les populations locales.

Les indicateurs sociaux confirment cette fracture : la durée moyenne de scolarité n’excède pas 4,2 ans, et l’espérance de vie stagne à 58 ans. Des chiffres en décalage avec le dynamisme économique global.

Une pression environnementale croissante

Premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire est en première ligne face aux nouvelles normes européennes sur les produits liés à la déforestation. La mise en conformité représente un défi de taille pour les coopératives agricoles, confrontées à des coûts élevés de certification et à la nécessité de revoir leurs pratiques de culture.

Les déguerpissements dans les forêts classées, opérés par les autorités pour répondre à ces exigences, soulèvent des tensions sociales croissantes. Si la démarche s’inscrit dans une volonté de protection des ressources naturelles, elle met aussi en lumière l’urgence d’une transition juste, qui n’exclue pas les petits producteurs.

Cap sur une croissance inclusive et durable

La Côte d’Ivoire avance à grands pas vers l’émergence. Ses bases macroéconomiques solides, son tissu productif en transformation et sa volonté d’ouverture en font un acteur clé de l’Afrique de l’Ouest.

Mais pour que cette trajectoire reste viable, le défi consiste désormais à élargir les fruits de la croissance. Réduction des inégalités, accès équitable aux services de base, formation du capital humain, inclusion des jeunes et des femmes : autant de priorités pour assurer une prospérité partagée.

Le pays a les ressources, les ambitions et le soutien de ses partenaires pour relever ces défis. À condition d’en faire une priorité politique et stratégique.


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